« Le chenal était dingue! »
Si le volet sportif du Vendée Globe a vite repris ses droits dès le coup de canon de départ hier dimanche à 13 heures 02 précises, l’émotion, la « claque » de l’affection, Amour diront certains, déversée lors de la descente du chenal par l’immense foule Sablaise, resteront longtemps dans l’esprit et la mémoire des 40 protagonistes de cette 10ème édition. Libéré, heureux et gonflé à bloc, Thomas Ruyant a su, à l’instar de ses nombreux camarades de jeu, s’extraire du marasme qui a de singulière manière englué les concurrents à l’heure du départ.
Concentré à l’extrême sur ses réglages, sur l’observation d’un plan d’eau déserté par Eole, il a patiemment attendu l’arrivée en milieu d’après midi d’un petit flux d’abord orienté à l’Est, et qui a progressivement pris du Nord, pour gonfler l’immense gennaker de son VULNERABLE. Positionné au vent de la flotte, Thomas a ainsi été l’un des premiers à se dégager du « pot de pus ». Une succession d’empannages, virements de bord au vent arrière, lui a permis cette nuit de se glisser aux avant postes et d’accélérer en direction du cap Finisterre, à la pointe occidentale de la péninsule ibérique, et marque de sortie du Golfe de Gascogne. Un renforcement du vent y est attendu, 20 noeuds et plus, accompagné d’une dégradation de l’état de la mer. Des conditions taillées pour les foilers qui devraient s’en donner à coeur joie le long du Portugal. Point d’options drastiques en vue, mais déjà, dans toutes les têtes, la quête du meilleur positionnement possible dans cet alizé Portugais bien calé au secteur Nord Est, pour offrir au bateau le meilleur angle propice à la vitesse. Voir loin, anticiper, prévoir, déjà, le franchissement des Canaries, sont les préoccupations du jour, tout en observant du coin de l’oeil les performances des nombreux adversaires encore au contact. Après une entrée en matière inhabituelle pour un mois de novembre, le Vendée Globe a vite pris ses atours de régate planétaire.