Jour 64 : Goodchild en Atlantique Nord!

Sam Goodchild a franchi en milieu de nuit dernière l’équateur, toujours accroché par la peau des dents à la 4ème place de son premier Vendée Globe. Il laisse dans son sillage les orages de la nuit assimilés au pot au noir et commence à sentir le vent tourner sur l’avant de son VULNERABLE, signe d’une entrée dans les alizés de Nord Est. Plus que jamais collé au Charal de Jérémie Beyou qu’il ne quitte plus depuis une semaine, le skipper Britannique de TR Racing entame le dernier morceau de bravoure de son tour du monde, l’Atlantique Nord et ce contournement de l’anticyclone des Açores, principale difficulté sur la route des Sables d’Olonne et la ligne d’arrivée, désormais située à un peu plus de 3 000 milles. Un dernier chapitre s’ouvre, marqué par une navigation majoritairement au près, dans un alizé apparemment stable pour une quinzaine de noeud, mais sur une houle qui va progressivement se former. Une route cabossée que redoute les skippers, plus que jamais à l’écoute de leur monture fatiguée par 21 000 milles d’efforts ininterrompus. Sam voit d’heure en heure sa belle résolution de ne se soucier exclusivement que de sa route s’évanouir, titillée par l’impérieuse envie de ne rien céder à son adversaire direct qu’il aperçoit régulièrement sous son vent. Il résiste à l’envie de pousser davantage son plan Verdier, plus conscient que jamais de l’obligation de préserver sa machine, et soigne ses trajectoires ainsi qu’il le fait avec subtilité depuis le départ. Patience et longueur de temps.
1- Le 21 novembre tu franchissais l’équateur en 3ème position. 54 jours plus tard, tu le repasses à nouveau. Quel est ton sentiment?
« C’est long! c’est assez incroyable! J’ai aussi recoupé ma trace de l’aller. Repasser l’équateur, ça fait du bien de penser qu’on se rapproche de la maison. La distance encore à parcourir devient plus accessible. »
2- Comment se passe ce duel avec Beyou?
« Au début, quand on a commencé à se voir à l’AIS, je me suis mis en mode observation, à me poser beaucoup de questions sur la manière de naviguer pour lui tenir tête. Très vite, j’ai réalisé que cela m’amenait un stress qui ne me convient pas. J’ai coupé l’AIS, et je le regarde à vue. Je me prends beaucoup moins la tête avec les performances. Il reste de la route et ce n’est pas le moment de se mettre en mode Figaro et à ne plus dormir. Je dois me reposer et veiller au bateau. J’ai trouvé un équilibre. Je croyais qu’il allait me mettre la misère car les conditions lui sont propres. Je reste avec lui. J’espère qu’on pourra faire un break sur les bateaux qui nous suivent. Et terminer en duel entre lui et moi, plutôt qu’à 5 ou 6 bateaux, quand j’ai toujours le sentiment d’être le plus lent. En résumé, j’essaie de ne pas me prendre la tête, mais je n’y parviens pas complètement. »
3- Comment se présente le pot au Noir?
« Le pot au Noir semble pas trop mal, pas très actif. Il évolue mais pas de manière agressive. L’alizé de Nord Est est là, devant moi. Il y a quelques nuages, pas très méchants. Donc, plutôt correct mais il suffit de quelques nuages pour tout changer. Pas le choix. il faut faire du Nord jusqu’à l’arrivée. »
4- Regardes tu le duel Dalin-Richomme?
« Je regarde de loin. Dalin a une belle avance. Son bateau semble mieux adaptée pour la fin de course. Tous les deux mériteraient de gagner. Bravo à eux pour la démonstration, qui montre le niveau qu’il faut avoir pour gagner le Vendée Globe. »
5- Est ce que terminer 1er des 13 coureurs non Français a une signification pour toi?
« Non. Je n’y pense pas! »
6- Commences tu à penser à l’arrivée?
« Oui oui oui! Cela semble plus proche et donc je commence à y penser. On commence à compter les jours. J’essaie de ne pas y penser car cela met une pression. La météo n’est pas calée pour la dernière semaine. Tout évolue, entre baston, près et portant. Cela change chaque jour. On va viser les Açores cette semaine en tribord amure, et après, j’espère que les fichiers vont d’accorder. On voit que les soucis techniques se multiplient. Je pense que Jérémie a des soucis, raison pour laquelle il ne m’a pas largué. Les alizés vont être assez costauds, avec de la mer. Donc, faire attention aux bêtises. J’essaie d’anticiper les soucis. Il reste un bon Atlantique Nord à traverser! »
