JOUR 62: Ruyant trouve des ressources
Bord à bord depuis jeudi dernier avec son adversaire et ami, Boris Herrmann (Malizia), Thomas Ruyant s’est trouvé en l’Allemand un camarade d’infortune. Boris deplore en effet depuis hier matin la perte (provisoire peut-être) de son J2, ce foc sensé l’accompagner sur 80% du parcours restant jusqu’au Sables d’Olonne et qui fait aussi depuis plusieurs jours cruellement défaut à VULNERABLE.
Cette vulnérabilité partagée unit les deux navigateurs dans un même combat pour rester compétitifs malgré les obstacles.
Les deux voiliers handicapés progressent ainsi à une allure, cap et vitesse, similaires, sous J3, autre voile d’avant moins performante au près, en direction de l’équateur situé ce matin à environ 800 milles des deux hommes. L’allemand a rompu hier soir l’engagement, virant de bord vers l’Ouest pour, plein vent arrière, tenter peut-être une réparation sur son crochet de J2 défaillant? Il résume bien l’ambiance de ce 62ème jour de mer, « Si le Vendée Globe était facile, beaucoup de gens le feraient ». Une manière de banaliser l’extrême difficulté technique, physique et mentale de ce tour du monde en solitaire.
Comment se remobiliser seul en mer, lorsque la technique vous lâche, et que l’avarie vient réduire à néant d’immenses efforts pour demeurer compétitif? Telle est l’équation philosophique que partage ce matin le duo Franco-Allemand. Leur position de mal aimé du Vendée Globe vient nourrir un autre mode d’opposition, celui des “privés de J2”, qui va exacerber de nouveau leur envie viscérale de compétition et de dépassement.
Compétiteur un jour, compétiteur toujours. Thomas tire désormais davantage sur sa barre pour accompagner la rotation du vent à l’est. VULNERABLE accélère et le Nordiste s’accroche à la 7ème place, plus convoitée que jamais par Nico Lunven sur une route plus orientale. Prochaine étape ; l’équateur et le pot au noir, à deux jours de glisse dans l’alizé.