Jour 48, Sam Goodchild : Ce soir au Cap Horn.
Sam Goodchild glissera ce soir ou en fin d’après midi à une bonne distance au Sud du Cap Horn, marquant ainsi son entrée en Atlantique et la fin d’un long épisode dans l’hostilité des mers australes. Il s’accroche à sa 9ème place que lui conteste âprement la navigatrice Suisse Justine Mettraux à quelques milles seulement à son vent. Au delà du soulagement de s’extraire indemne de ces contrées sauvages, Sam ne perd pas de vue que plus de 7 000 milles le séparent encore de l’arrivée, dans un Atlantique à l’apparence bien retors. Le groupe de chasse au sein duquel il évolue comprend nombre de têtes d’affiche de ce Vendée Globe et Sam se méfie de cette émulation un peu trop propice à son goût à faire des bêtises. L’attaque à tout va n’est pas encore à l’ordre du jour sûr VULNERABLE. Une navigation au plus près du lit du vent s’annonce dès le début de la remontée vers les îles Malouines. Sam souhaite prendre ses marques dans cette nouvelle configuration de course, avant de se montrer agressivement plus opportuniste.
Comment vois-tu cette arrivée sur le Horn ?
“Nous sommes aujourd’hui dépassé par le front de la dépression. Ça va adonner, tout en forcissant un peu. J’ai un changement de voile à effectuer. La mer n’est pas très bien ordonnée mais on va garder du vent jusqu’au bout. Je devrai le passer en fin d’après-midi! Le vent s’arrêtera assez brutalement. On partira ensuite au près dans la molle, avant un nouveau renforcement. Je vais passer trop loin pour voir le Horn.”
Que représente ce passage?
“C’est la fin des mers du Sud, la partie la plus hostile et la plus engagée d’un tour du monde. C’est un peu un piège car il reste encore près d’un mois de mer en course. Ce n’est pas fini loin de là. On arrive en Atlantique et on vise la maison. Ça fait du bien d’y penser. Les températures vont remonter. Je suis par 59° de latitude Sud, le plus Sud où je sois jamais allé. On va arrêter le chauffage et enlever le bonnet!”
Ce Pacifique a été compliqué?
“On a eu une grosse dépression, des traînes avec beaucoup de grains pendant très longtemps! Pas simple de gérer le bateau dans un vent très changeant et sur une mer pas forcément énorme mais qui ralentissait le bateau. Jamais de mer plate!”
Tu navigues proche de Justine ; comment vis tu ce voisinage?
“Je l’ai vue hier. Le premier bateau que je vois depuis Madère il y a 6 semaines. Ce fut bref et depuis on ne se voit plus à l’AIS. On a parlé à la VHF. C’était cool. Elle avait une très bonne voix, et un très bon état d’esprit, heureuse de sortir des mers du Sud. C’est stimulant d’être proche mais attention à ne pas se laisser prendre au jeu et à tirer trop fort sur le bateau, et prendre des risques non nécessaires juste parce qu’il y a un adversaire proche.”
Ressens-tu de la fatigue?
“Oui. Ces derniers jours, j’étais un peu fatigué; Pas facile de dormir régulièrement car avec ce vent instable à, il a fallu beaucoup changer de voile et il était difficile de bien caler le bateau. Toujours sur toilé ou sous toilé, avec les alarmes qui sonnaient souvent au passage des grains. Donc pas facile de se reposer. Deux petites siestes la nuit dernière seulement! On se rattrapera en Atlantique.”
Qu’attends-tu de l’Atlantique?
“Pour l’instant, on s’attend à du près, de la molle, puis accélération du vent à 30 noeuds, jusqu’au Brésil, et peut-être au delà, encore du près. Je ne sais pas si je suis performant au près. On va vite le savoir (Rires)”
Pip Hare à Melbourne. Un exploit?
“C’est super! Elle doit en avoir marre de naviguer sous gréement de fortune.”
Deux morts sur la Sydney – Hobart…
“Oui c’est terrible! Un bateau école je crois. Notre sport est formidable mais il faut faire attention et ne jamais oublié sa dangerosité.”
Ton rythme de vie a t’il évolué depuis le départ?
“Pas tellement en fait! J’ai réussi à conserver ma routine de repas, avec un bon petit déjeuner au réveil, puis de vrais repas vers 14 et 19 heures. J’essaie de suivre le rythme du soleil. Ça me va bien. Je mange bien mais c’est un peu la routine.”