Jour 40 : breakaway!
Thomas Ruyant et son VULNERABLE négocient depuis 24 heures de puissant flux de Sud Ouest générés par une grosse dépression en évolution en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique. En prenant de l’Ouest, ces vents leur imposent un enchainement d’empannages guère propices au gain sur la route du Cap Horn. En capacité de prolonger un peu plus longtemps leur long bord tribord amure plein Est, les trois leaders Dalin – Richomme-Simon ont encore accru une avance qu’ils portent ce matin à 830 milles sur le skipper Nordiste.
Ce dernier, en empannant plus tôt que ses deux rivaux les plus proches, Nicolas Lunven (Holcim-PRB) et Jérémie Beyou (Charal), s’est donné un peu d’air, mais ces 124 milles semblent bien éphémères. Thomas devra lui aussi empanner en s’approchant de la Zone Interdite des glaces, tandis que ses deux poursuivants profiteront d’un meilleur angle au vent pour revenir sur lui.
Plutôt qu’un très volatile et inconsistant classement, on retiendra donc ce matin la belle appétence de Thomas qui, toute déception du week end dernier évanouie, se prend au jeu de la régate au contact avec deux des nombreux favoris de ce Vendée Globe hors normes. Alors que les leaders glissent ce matin sous le point Nemo, Thomas a déjà les regards et ses réflexions stratégiques braqués sur le Horn et au-delà, l’Atlantique Sud qu’il souhaite revêche à souhait (no offense) envers ses prédécesseurs. Il compose en attendant avec une mer de nouveau chahutée par le passage de la dépression. Par 55 degrés de latitude Sud, Thomas est entré en hiver et résume en deux mots sa condition du moment : « Ca bombarde et ça caille! »
“J’ai bien pris mon rythme à bord. Le décalage jour-nuit est assez déphasant. On ne sait pas trop comment rythmer la journée. On se recalera au cap Horn. Le début de l’Indien en avant du front était chouette, mer plate, direct sur la route. A présent on tire des bords sur une houle très courte et creusée de plus de 4 mètres. Pas très praticable. Difficile de savoir comment habiller le bateau. J’observe les performances de mes adversaires directs pour mieux me caler.
Les premiers continuent de s’échapper. Pas beaucoup d’opportunités de recoller. Je joue avec mon groupe, en essayant de rester devant. Nico et Jérémie ont de bons bateaux pour la remontée de l’Atlantique. Je me méfie des petites dépressions qui peuvent se creuser sur ma route. Ne pas se faire surprendre par un coup de vent. Objectif, Cap Horn. Pas mal de bords à tirer, ces prochaines 48 heures. Le début du Pacifique était sympa, mais ça se corse.
Cela fait 40 jours que nous sommes partis et je n’ai jamais été aussi loin dans le Sud. On approche du point Nemo, qui est le point le plus éloigné de toute vie humaine sur la planète. Ca bombarde et ça caille. J’ai ressorti les polaires, mais en manoeuvrant, on prend vite chaud. »
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LE SAVIEZ VOUS? 🤔
Le point Nemo :
Le « Point » Nemo n’est pas un bout de terre. C’est un point invisible dans le vaste océan Pacifique, le plus éloigné de la terre, 2 688 km dans toutes les directions, par 45º52.6S, et 123º23.6W.
Les îles les plus proches sont les îles Pitcairn, Moto Nui dans les îles de Pâques et l’île Maher en Antarctique.
Le Point Nemo nexiste techniquement que depuis 1992. C’est un ingénieur canadien, Hrvoje Lukatela,qui a utilisé un programme informatique géospatial pour le découvrir. Il ne s’est pas rendu sur place, utilisant la technologie pour calculer l’emplacement exact.
Il s’agit d’un hommage au capitaine Nemo du roman « 20 000 lieues sous les mers » de Jules Verne. La traduction latine de « Nemo » signifie en fait « pas d’homme ».